A la recherche du granite parfait et des longues grandes voies  

A la recherche du granite parfait et des longues grandes voies  

Solène se sert du prétexte de notre projet de fin cycle pour trouver du monde pour l’accompagner en Scandinavie. Elle nous montre quelques photos et il ne m’en faut pas plus pour me motiver !

L’idée c’est de partir en stop jusqu’en Norvège pour découvrir ses falaises de granite et ses voies de trad méconnues. On commence à préparer le projet dès le mois de mai. On topote à la recherche de sites qui nous font rêver et on glane des informations pratiques là où on peut. Pour le trajet c’est assez simple il n’y a pas grand chose à préparer. On a seulement besoin d’un téléphone chargé et de google map le jour J. Au départ, j’étais quand même sceptique sur ce moyen de transport : combien de temps ça va nous prendre pour aller en Norvège ? Comment faire autant de kilomètres en stop ?…

Bien sûr, il ne faudrait pas être trop organisées, alors on se retrouve la veille du départ à la recherche d’un sac à dos et des dernières affaires qui nous manquent. Un seul critère pour le sac : tout doit rentrer… Le 7 juillet, je fais un détour par le bureau de vote et nous voilà un chemin vers Porte de France. Enfin presque… le premier crux arrive :  réussir à hisser le sac à dos sur mes épaules, ça promet… La première voiture qui passe s’arrête, la chance est avec nous.  Je suis vite tombée sous le charme du stop. C’est assez efficace et cela permet de faire des rencontres surprenantes mais toujours merveilleuses. Le hasard est de mise et nous oblige à lâcher prise. On a tellement d’anecdotes à raconter ! 

Après 4 jours de route, nous arrivons en Scandinavie. Le climat change et nous sommes accueillies par les grandes forêts de sapins et le granite que nous sommes venues chercher… mais aussi par la pluie, la vie en tente et les fruits en quantité ! Nous commençons doucement cette aventure granitique dans la région de Bohuslän en Suède et ses couennes réputées. On révise les coincements en fissures et la pose de protections. Cela nous permet aussi de se dégourdir un peu les jambes… Ce n’est en effet pas toujours facile de trouver une voiture. 

Quelques jours plus tard, la météo nous suggère subtilement de reprendre la route. Nous partons à la recherche de faces plus grandes et d’un peu de soleil. Nous optons pour le Télémark au sud de la Norvège. Il nous faudra un jour et demi de stop avant de pouvoir poser notre camp au pied d’un monolithe de granite de 400m de haut, Haegefjell. N’étant jamais allée au Yosemite, je trouve que cette falaise ressemble beaucoup à El cap. En attendant de pouvoir confirmer, ce sera notre petit big wall pour les prochains jours. Nous augmentons progressivement la difficulté des voies. On prend confiance et on améliore notre efficacité. En 3 jours, nous avons finalement grimpé 4 grandes voies. C’est ce qu’on appelle une bonne  optimisation du créneau de soleil ! 

De retour à la civilisation, on charge les téléphones en réfléchissant à notre prochaine destination. La météo n’est pas favorable pour le Kjerag, mais un créneau semble se dessiner dans la vallée d’Uskedalen où des grandes voies de 800 m ont attiré notre attention. 

Nous reprenons la route, il est temps d’aller voire encore plus grand.  

La vallée d’Uskedalen est bordée de grandes falaises aux allures de bosses de dromadaire, nous sommes au bon endroit. On pose la tente au bord de la rivière face au géant de granite tout au bout de la route. Bartasse dans la forêt et pieds trempés sont les mots d’ordre pour les approches. Une fois sur le rocher ça déroule, les fissures sont faciles à suivre, on avance bien et le vide se creuse sous nos pieds. L’arrivée au sommet de ces géants est magnifique et la vue à couper le souffle. Nous ne sommes pas dans une région de fjords encaissés mais plutôt d’îles à perte de vue sur un océan qui se teinte de rose. La descente est longue, car il faut faire le tour de cette falaise pour revenir à notre tente.  On se rend bien compte au réveil que la journée de grimpe a été un peu trop exigeante en énergie. Malgré la motivation et le soleil, le repos s’impose. 

Notre projet suivant nous a demandé un peu plus de résignation. Entre les problèmes d’itinéraire et la pluie qui s’invite, la redescente s’impose sans trop de problème après quelques longueurs. On laisse passer le mauvais temps et alors qu’il ne nous reste qu’une journée pour grimper, on décide d’y retourner. Cette voie, c’est Midtsommernatsdrom, peut-être la plus connue du secteur et pourtant il n’y a pas foule. C’est une voie de 500m très continue dans le 6b où le crux réside dans une longueur d“ass crack”, une fissure fine et bouchée où les protections sont aléatoires et les adhérences douteuses. Que du rêve ! Pour ce deuxième essai, nous venons à bout de cette superbe voie et comme c’est notre dernier jour nous décidons de sortir au sommet 300m plus haut. On aperçoit les derniers rayons de soleil à l’horizon avant d’entamer une très longue descente à la recherche des points rouges. Au lever du soleil, on finit par rejoindre notre tente. Quelques heures de sommeil plus tard et c’est l’heure de quitter ce petit coin de paradis. 

Bien contentes de finir ce chapitre par une belle réussite, le voyage est loin d’être terminé ! On va bien prendre notre temps pour rentrer et en profiter pour visiter. En guise de récup’, on enchaîne sur une randonnée pour aller voir le glacier de Folgefonna. On reprend la route pour retourner à Bohuslän et ainsi mesurer notre progression. On en profite pour poser un projet dans une voie pour avoir un prétexte pour revenir ! On poursuit ensuite par du bloc à Avalonia en Allemagne où le mot “rencontre” prend tout son sens. Une fois à Aix- la Chapelle, il ne me reste qu’une journée pour rentrer à Grenoble, j’aime bien jouer avec le feu mais c’est un pari réussi. On traverse la Belgique et le Luxembourg et à minuit, nous sommes de retour à la maison !


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